La psychologie sociale s’intéresse à «l’homme de la rue, Monsieur Toutlemonde: sain d’esprit, ni trop intelligent, ni trop stupide, ni trop instruit, ni trop ignorant. Vous et moi, par exemple, quand nous parlons du caractère d’un ami ou de la raison pour laquelle nous n’avons pas été nommés à un poste que nous recherchions». (Moscovici, 1986)
La psychologie sociale est le domaine d’étude qui analyse la façon dont les comportements, cognitions (pensées) et affects (émotions ou sentiments) de l’individu sont influencés par le comportement et les caractéristiques des autres, les caractéristiques de la situation dans laquelle l’individu est inséré ainsi que par ses propres caractéristiques psychologiques et sociales.
L’influence sociale renvoie au fait qu’une personne amène une autre personne à modifier son comportement, que ce soit au niveau des actes, pensées ou sentiments. On peut distinguer différentes formes d’influence sociale: le conformisme, la conversion minoritaire, l’obéissance, la persuasion, etc.
2.1. Le conformisme | |
Conformisme | Changement de comportement dans le sens du comportement d’un groupe (majoritaire); mise en adéquation de son comportement avec les normes sociales en vigueur. |
Influence informationnelle | Forme d’influence basée sur la prise en compte
des réponses des autres à titre informatif. L’objectif de l’individu est de donner une réponse exacte. Il est influencé par les autres suite à un conflit cognitif. |
Influence normative | Forme d’influence basée sur le respect des
normes établies par le groupe. L’objectif de l’individu est d’être accepté par le groupe, d’être jugé positivement par les autres membres du groupe, ou, tout du moins, d’éviter la désapprobation sociale. Il est influencé par les autres suite à un conflit motivationnel. |
2.2. L’innovation | |
Innovation | Forme d’influence sociale ayant pour source une minorité qui s’efforce soit de créer des idées ou comportements nouveaux, soit de modifier des idées ou comportements traditionnels. |
Consistance, consistance interne, consistance sociale | Cohérence: l’individu ou le groupe conserve une même position, ne se contredit pas, est guidé par une logique. Cette consistance doit se situer à la fois sur un plan intra-individuel (consistance interne) et inter-individuel (consistance sociale). |
Suivisme | Influence «de façade» au niveau du comportement de l’individu: celui-ci suit les autres, dans le cadre d’une stratégie visant à éviter les conflits ou les sanctions éventuelles liées à la déviance. Cette forme d’influence disparaît dès que la source d’influence disparaît. |
Conversion | Influence «profonde», se situant au niveau des convictions de l’individu: celui-ci est influencé dans ses idées de manière inconsciente et durable. |
2.3. L’obéissance | |
Obéissance, soumission à l’autorité | Changement de comportement afin de se soumettre à l’ordre provenant d’une autorité légitime - ou perçue comme légitime. |
Etat d’agent | Etat psychologique de perte du sentiment d’autonomie: l’individu se considère comme l’instrument de la volonté d’autrui, et non responsable de ses actes. |
2.4. Dissonance cognitive et changement d’attitudes | |
Dissonance cognitive | Présence simultanée d’éléments contradictoires dans la pensée
de l’individu. Un cas typique de dissonance est précisément celui qui résulte d’un désaccord entre nos attitudes et nos comportements. |
La cognition sociale renvoie, de manière très générale, à la façon dont nous analysons et interprétons notre environnement social.
La perception sociale concerne plus particulièrement la façon dont nous percevons et jugeons les gens qui nous entourent (cf. formation des impressions, jugement social.
3.1. La formation des impressions | |
Effet de primauté | Impact plus marqué des premières informations reçues comparativement aux suivantes sur la formation des impressions. |
Effet de centralité | Impact particulièrement important de certaines informations concernant les caractéristiques d’autrui sur la formation des impressions. Ces caractéristiques sont de ce fait appelés traits centraux. |
Théories implicites de la personnalité | Conceptions ou croyances quant aux relations qui existent entre différents traits de personnalité: certains traits vont habituellement ensemble, alors que d’autres, semblent s’exclure; d’autres, enfin, n’entretiennent aucune relation les uns avec les autres. |
3.2. Catégorisation sociale, stéréotypes et perception sociale | |
Catégorisation, catégorisation sociale | Regroupement des objets qui «vont ensemble», c’est à dire
qui partagent un certain nombre de caractéristiques (sans les
posséder forcément toutes). Lorsque ce regroupement concerne des objets sociaux (les individus), on parle de catégorisation sociale. |
Stéréotype | Croyances socialement partagées concernant les caractéristiques communes d’un groupe social. |
Effet Pygmalion | Mise en conformité des comportements d’une personne avec les attentes à son égard. |
3.3. L’attribution causale | |
Attribution causale | Inférence par laquelle nous expliquons les événements du monde social qui nous entoure (et plus particulièrement les comportements, que ce soit les siens ou ceux d’autrui). |
Attribution interne | Explication du comportement d’une personne par des facteurs liés à la personne elle-même, c’est à dire essentiellement ses intentions, mais aussi sa motivation (-> effort) et ses capacités |
Attribution externe | Explication du comportement d’une personne par des facteurs extérieurs à la personne, tels que notamment les contraintes liées à la situation, la difficulté de la tâche et le hasard. |
Consensus | Comportement d’autres personnes dans la même situation. Un consensus élevé signifie que leur comportement est identique à celui de la personne-cible (personne dont on cherche à expliquer le comportement). |
Consistance | Comportement de la personne-cible dans le même type de
situations, mais à d’autres moments. Une consistance élevée signifie que la personne manifeste le même comportement à d’autres moments. |
Différenciation | Comportement de la personne-cible dans d’autres situations. Une différenciation élevée signifie que la personne manifeste des comportements différents lorsque la situation change. |
Erreur fondamentale d’attribution | Tendance à surestimer l’importance des facteurs internes au détriment des facteurs externes lorsqu’il explique le comportement d’autrui. |
Hypothèse du monde juste | Tendance à croire que chacun «n’a que ce qu’il mérite». |
Norme d’internalité | Norme sociale qui consiste à valoriser les explications par des facteurs internes. |
Biais (ou divergence) acteur-observateur | Divergence dans le type d’attributions causales selon qu’on explique son propre comportement (acteur) ou celui des autres (observateur): tendance à attribuer nos propres comportements à des facteurs externes et le comportement des autres à des facteurs internes. |
Biais d’auto-complaisance | Tendance à attribuer son succès à des causes internes et son échec à des causes externes. |
Les relations intergroupes renvoient à des situations dans lesquelles des individus appartenant à différents groupes interagissent en référence à leur identité groupale.
4.1. Préjugés et discrimination: définitions | |
Préjugé | Attitude généralement négative à l’égard d’un individu sur la simple base de son appartenance à un groupe social donné. |
Discrimination | Comportements généralement négatif à l’égard d’un individu sur la simple base de son appartenance à un groupe social donné. |
4.2. La théorie du bouc émissaire | |
Frustration | Impossibilité pour l’individu de réaliser ses objectifs |
Bouc émissaire | Personne vers laquelle se déplace un comportement agressif suite à une frustration dont elle n’est en rien responsable |
4.3. Le conflit réel comme source des conduites discriminatoires | |
Situation de compétition intergroupe | Situation caractérisée par des ressources limitées. Présence d’intérêts incompatibles |
Situation de coopération intergroupe | Situation nécessitant la collaboration intergroupe afin d’atteindre un objectif commun |
Jeu à but supra-ordonné | Jeu qui consiste à réaliser un projet commun, qui nécessite la collaboration entre les groupes |
4.4. Conduites discriminatoires et identité sociale | |
Identité sociale | Aspects de l’identité d’un individu directement liés à son sentiment d’appartenance à différentes catégories sociales. |
Biais pro-endogroupe | Favoriser son groupe d’appartenance (endogroupe) au détriment d’autres groupes (exogroupes). |
Groupe minimal | Groupe constitué selon un critère insignifiant ou aléatoire; les membres du groupe n’ont aucun contact les uns avec les autres; l’appartenance au groupe est même anonyme: chaque membre connaît son groupe d’appartenance, mais n’identifie pas les autres membres du groupe. |